Forum de Fès des Musiques Sacrées du Monde 2019 Les assises du Forum de Fès consacrent la « confluence des cultures

  • بتاريخ : يونيو 18, 2019 - 9:50 ص
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  • En parallèle du Festival des Musiques Sacrées du Monde, le Forum de
    Fès mobilise un parterre prestigieux de personnalités des sciences,
    de la philosophie et des arts. Cette année, les 15 et 16 juin 2019, ce
    rendez-vous de débat, de réflexion et d’échanges est revenu sur le
    sujet fondamental qu’est « la confluence des cultures ». Un thème
    fédérateur qui a interpelé les acteurs culturels marocains et étrangers
    autour des constats, des outils et des stratégies à développer en vue
    d’encourager le dialogue et l’enrichissement interculturel et
    interreligieux.
    Quatre tables rondes sur les histoires des civilisations, les interactions des
    peuples et les échanges artistiques et philosophiques ont mobilisé de
    nombreuses personnalités du monde culturel.  Des intellectuels, des
    artistes, des écrivains, des historiens et des acteurs associatifs se sont
    ainsi réunis pour partager leurs expériences de différentes régions et
    périodes du monde et nourrir la réflexion autour de la nécessité d’une
    culture plurielle pour un monde apaisé. 
    Etaient présents Mesdames Meftaha Ameur, Hinde Ben Abbes Taarji,
    Faouzia Charfi, Mina Elmghari, Halima Hamdane, et Messieurs Ahmed
    Ghayet, Gerard Kurkdjian, François Martinet, Georges Michel,
    Abderrahman Tenkoul, François-Xavier Tilliette, Fodé Sylla, Khalid Zekri.
    Nous pouvons également citer la présence dans le public d’éminentes
    personnalités telles que André Azoulay, Tahar Benjelloun ou encore Jamaâ
    Baida…
    Les intervenants ont convenu que le dialogue honnête, sinon
    dépassionné, des cultures était un prérequis d’une coopération utile et
    approfondie. Pour appuyer cette réflexion, le forum était articulé autour de
    trois axes à savoir « la connaissance avant le jugement et l’idée avant
    l’opinion », « les nécessaires fondamentaux d’un dialogue entre les
    cultures » ainsi que « les modes de vie dans les cités traditionnelles et les
    valeurs spirituelles de respect sous-jacentes ».

    Bien que ces axes aient dressé le contour des conférences, la richesse des
    débats et opinions a élargi le cadre de réflexion. Ainsi, au cours de
    l'événement, les intervenants se sont penchés sur les divers apports de la
    culture libre et soutenue autant par les décideurs politiques que par les
    individus et acteurs de la société civile. Plusieurs thématiques ont dès lors
    été abordées allant de « l’anglophilie résolument marocaine » du Mogador
    du 18 ème  siècle au « creuset de l’entente interreligieuse » qu’a constitué le
    monastère chrétien de Toumliline durant la période de la lutte pour
    l’indépendance. L’acteur associatif Ahmed Ghayet s’est quant à lui élevé en
    faveur de la jeunesse, arguant la nécessité urgente d’une culture fondée
    par et pour les jeunes en vue de combattre « cette fascination morbide de
    la mort » et « redonner l’envie de vivre à un pan essentiel et délaissé de la
    population marocaine ». Un point de vue rejoint
    par Abderrahman Tenkouk qui a encouragé la transmission du patrimoine
    culturel notamment via le numérique, transformant ainsi
    une potentielle menace « en passerelle d’enrichissement entre sociétés,
    voire en instrument de la création artistique et donc culturelle ».  D’autres
    participants, tels que le spécialiste des musiques du monde
    Gérard Kurkdjian, ont plutôt mis en avant les différents vecteurs possibles
    de cette transmission à savoir la musique, l’art ou encore les contes et
    paraboles imagés tels que déclamés par la captivante Halima Hamdane.
    Sur une note plus académique, Khalid Zekri s’est penché sur l’étymologie
    et l’épistémologie en tant qu’outils de compréhension desdites cultures, de
    leurs historiques et évolutions au fil des siècles. Un point de vue étayé par
    l’univers Meftaha Ameur qui a défendu l’identité plurielle berbère, arabe,
    francophone et tant d’autres facettes de la marocanité, par opposition à une
    vision étriquée et unidimensionnelle du patrimoine national. Ancien
    président de SOS Racisme et ex-député européen, Fodé
    Sylla, aujourd'hui ambassadeur itinérant et conseiller du Président
    sénégalais Macky Sall, a quant à lui souhaité remonter ce confluent des
    cultures et des identités jusqu’à son origine continentale. Il a en outre
    chaleureusement félicité les organisateurs du Forum pour cette initiative
    conjointe et inclusive en faveur de l’interculturalité et à plus long terme de la
    pacification et le développement de l’Afrique « car tout ce qui est fait pour
    nous, mais sans nous, se fait contre nous ».
    Driss Khrouz, Directeur Général du Forum fait valoir à ce sujet que « nous
    insistons sur cette notion d’inclusion. Dans un monde déchiré par la peur, la

    haine et la méfiance, il ne s’agit plus de décréter l’interculturalité mais de
    bien la concevoir pour pouvoir la pratiquer. Ainsi, nous nous rendons
    aisément compte que toute culture, et à fortiori la culture marocaine, est
    d’abord un confluent d’une prodigieuse variété de cultures ».
    Tous les invités se sont en effet accordés sur l’importance de la
    connaissance, notamment de l’Histoire, en vue de mieux pouvoir
    appréhender cette question délicate des mixités culturelles. Une
    connaissance qui aboutit naturellement par la suite sur des projets de
    coopération dans divers domaines, tels que la conservation du patrimoine
    culturel, la valorisation de l’amazighe, la multiplication des maisons de
    quartiers et de jeunesse et tant d’autres problématiques soulevées lors du
    Forum et qui composent le capital immatériel fassi, marocain et africain.
    « La confluence des cultures, c’est avant tout une concertation qui nous
    rapprochera et constituera un outil de complémentarité entre les sociétés. Il
    ne faut pas nier la différence mais la mettre en œuvre au service d’une
    société plurielle, fondée sur l’entente et l’acceptation de l’autre. C’est le
    fondement de ce Forum qui constitue en quelque sorte l’écho de ces
    musicalités entonnées cette semaine dans les places emblématiques de
    Fès » conclut Driss Khrouz.
    Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Festival de
    Fès des Musiques Sacrées du Monde s’inscrit en droite ligne de la tradition
    savante, artistique et spirituelle de la ville de Fès. Fès, qui a en effet
    toujours été un lieu d’échange et de dialogue. En abritant cette
    conférence, la ville et le Forum confirment à nouveau leur engagement en
    faveur d’une culture de paix, du vivre-ensemble et de tolérance.